Édition: Éditions de la Renaissance du Livre, 2004 (épuisé)

Poèmes:

– Voyageuses
– Alluviales
– Sang et songe
– Le Carnet tibétain
– Portement de ma mère
– Marines du désir

Mais nulle autre ne voit la faille
qu’une enfant
attirée dans ces parages
par le silence

Au lendemain
le long du fleuve ensanglanté
les peuples des deux rives
armés de pales et de faux
ratissent la broussaille

On retrouve
les doigts accrochés à la touffe d’épines
une autre enfant muette
que nul ne reconnaît

Quelqu’un la penche sur son épaule
quelqu’un l’attendrit sur la peau de son ventre
quelqu’un croit l’enivrer d’un bercement sourd
d’une mourante consolation
quelqu’un la revêt d’une robe de femme
quelqu’un la pose dans un écrin

Les peuples
à dater de ce moment-là
reviennent écouter
tomber de sa chevelure
le beau silence sombre

Comme l’hiver sans nom
l’image le désert

Mais l’enfant
à leurs chuchotements
garde toujours ouverts
ses yeux cernés de longues craquelures

Revenue chaque matin
de convulsions nocturnes
et de l’errance

Où personne n’ose la suivre
ni même relever au lendemain
la trace de son pied nu dans la vase
du fleuve

Dont on dit que maintenant
l’or est devenu
intouchable